Le couple presidentiel Michel et Sophia Martelly |
Le pari de Sophia Martelly
Par Gahston Saint-Fleur[1]
Peu après la prestation de serment de son mari en tant
que Président de la République, l´on voit Sophia en guise de se convertir en
« arme secrète de Michel». Les fêtes de Noël et de Nouvel An la rendent
plus manifeste. Elle est tantôt à l´Université d´Etat d´Haïti, tantôt aux
Gonaïves. Elle veut, en effet, elle est entrain d´inventer le « Bureau de
la Première Dame» en Haïti; une expression inconnue –au moins en actes- sous
les gouvernements de Jean Bertrand Aristide et de René Préval, pour ne pas
aller plus loin que cela.
Ses antécédences de philanthrope parlaient déjà d´elle
sans faire grand écho. Peu importe. D´ailleurs elle avait préféré l´option de
«femme absente» à côté de son mari musicien. On parlait de sa timidité devant
les extravagances de son époux. Elle restait souvent invisible sur le char des
carnavals sonnants de Sweet Micky. Qu´importe si lors de certains des bals de
l´orchestre en Haïti ou ailleurs, elle avait l´habitude d´entrer en Manager
pour emporter tout l´argent collecté à la porte! Qu´importe que les fans aient
imaginé un Micky comme trop facile d´être « père » et pour tant,
comme trop difficile en tant que compagnon dans un foyer stable! Certaines
femmes de son entourage parlent de sa souffrance en silence, d´autres préfèrent
voir en elle la résistance, ses dons surnaturels car devant ce chanteur,
n´importe quelle femme n´aurait pas résisté.
À moins que Sweet Micky serait l´un de ces mutants
qui, à l´entrée de chez-eux, se reconvertissent en de doux et dociles époux;
des pères de famille tendres et passionnés. Lors de la Seconde Guerre Mondiale,
l´on parlait de ces militaires tortureurs féroces à Auschwitz-Birkenau et à
Treblinka -pour ne citer que les plus réputés des camps de concentration
nazis-, qui ne pouvaient pas montrer à leurs victimes autre chose que le diable
incarné dans leur visage; cependant, arrivés au foyer, ils étaient des
commandés par leurs femmes. Le moindre geste de leurs enfants les faisait
pleurer. Miracle de l´uniforme ou de l´insigne nazi? Serait-ce le cas de Michel
Martelly et de Sweet Micky, son double? En tout cas, si bien silencieuse,
Sophia n´a pas l´air d´être du groupe de celles avec qui le genre opposé peut
s´en faire facilement.
Quelque soit la considération que l´on fasse d´elle,
la vérité c´est que Sophia Martelly se pose en garante de la réussite du
quinquennat de son mari. Ses stratégies son claires: cibler les zones
politiquement rouges et jaunes du pays. Pense-t-elle atténuer les potentielles
menaces du quinquennat présidentiel? Simple désir d´imprégner de l´énergie à un
gouvernement qui est aussi sien que de son mari ou tout simplement pour
répondre à sa vocation de philanthrope? Peu importe. Sophia est là, avec ses
cheveux recueillis[2],
complices de sa beauté, de son élégance;
le regard fixe comme ces francs-tireurs qui ne veulent pas rater leur
objectif, un sourire de mère qui la veut accueillante et dispose, et
finalement, son Bureau de Première Dame qui ne se distingue pas trop du rôle des
paniers au dessus de la tête de nos femmes de rue, porteuses d´espoir, de la
paix au ventre. Mais saura-t-elle le différencier de la Fondation Rose et
Blanc?
On l´écoute dans plusieurs domaines: Elle est avec les
femmes mères, avec les enfants de rue, les femmes, dans un concours de Miss
Première Dame de la République, les programmes de HIV-AIDS, dans le monde des
handicapés physiques, mentaux, enfin, tout une gamme d´activités pour un aller
mieux des plus nécessiteux. Elle mérite bien l´appui et la compréhension.
Femme de peu de mots, décidée à passer de l´anonymat
des Premières Dames haïtiennes, Sophia, comme un homme pliant les manches de sa
chemise pour se mettre au travail, recueille ses cheveux pour se poser en
garantie absolue du passage de son mari dans l´histoire démocratique d´Haïti
comme le second Président à recevoir son mandat et le passer
constitutionnellement et quant à elle, la première Première Dame de la
République à ériger le Bureau du même nom. Cependant, résisteront-ils aux eaux
troubles et mouvantes de la nationalité multiple que vient de remuer le
deuxième Sénateur du Nord, Moïse Jean-Charles.
En attendant
l´issu,
Bonne
chance Madame, félicitation Sophia
[1] L´auteur est de Bois-de-Laurence, Nord´Est d´Haïti ; écrivain et analyste
politique, il enseigne Relations Internationales actuellement à Santo Domingo,
République Dominicaine.
[2] Au bas Moyen-âge, cela avait traduit la soumission; dans la modernité,
les cheveux recueillis chez les femmes traduisent le travail, l´octroie de la
priorité aux objectifs fixés plutôt qu´à la veine gloire.