mardi 7 février 2012

LE PARI DE SOPHIA MARTELLY

Le couple presidentiel Michel et Sophia Martelly

Le pari de Sophia Martelly

Par Gahston Saint-Fleur[1]

Peu après la prestation de serment de son mari en tant que Président de la République, l´on voit Sophia en guise de se convertir en « arme secrète de Michel». Les fêtes de Noël et de Nouvel An la rendent plus manifeste. Elle est tantôt à l´Université d´Etat d´Haïti, tantôt aux Gonaïves. Elle veut, en effet, elle est entrain d´inventer le « Bureau de la Première Dame» en Haïti; une expression inconnue –au moins en actes- sous les gouvernements de Jean Bertrand Aristide et de René Préval, pour ne pas aller plus loin que cela.

Ses antécédences de philanthrope parlaient déjà d´elle sans faire grand écho. Peu importe. D´ailleurs elle avait préféré l´option de «femme absente» à côté de son mari musicien. On parlait de sa timidité devant les extravagances de son époux. Elle restait souvent invisible sur le char des carnavals sonnants de Sweet Micky. Qu´importe si lors de certains des bals de l´orchestre en Haïti ou ailleurs, elle avait l´habitude d´entrer en Manager pour emporter tout l´argent collecté à la porte! Qu´importe que les fans aient imaginé un Micky comme trop facile d´être « père » et pour tant, comme trop difficile en tant que compagnon dans un foyer stable! Certaines femmes de son entourage parlent de sa souffrance en silence, d´autres préfèrent voir en elle la résistance, ses dons surnaturels car devant ce chanteur, n´importe quelle femme n´aurait pas résisté.

À moins que Sweet Micky serait l´un de ces mutants qui, à l´entrée de chez-eux, se reconvertissent en de doux et dociles époux; des pères de famille tendres et passionnés. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, l´on parlait de ces militaires tortureurs féroces à Auschwitz-Birkenau et à Treblinka -pour ne citer que les plus réputés des camps de concentration nazis-, qui ne pouvaient pas montrer à leurs victimes autre chose que le diable incarné dans leur visage; cependant, arrivés au foyer, ils étaient des commandés par leurs femmes. Le moindre geste de leurs enfants les faisait pleurer. Miracle de l´uniforme ou de l´insigne nazi? Serait-ce le cas de Michel Martelly et de Sweet Micky, son double? En tout cas, si bien silencieuse, Sophia n´a pas l´air d´être du groupe de celles avec qui le genre opposé peut s´en faire facilement.

Quelque soit la considération que l´on fasse d´elle, la vérité c´est que Sophia Martelly se pose en garante de la réussite du quinquennat de son mari. Ses stratégies son claires: cibler les zones politiquement rouges et jaunes du pays. Pense-t-elle atténuer les potentielles menaces du quinquennat présidentiel? Simple désir d´imprégner de l´énergie à un gouvernement qui est aussi sien que de son mari ou tout simplement pour répondre à sa vocation de philanthrope? Peu importe. Sophia est là, avec ses cheveux recueillis[2], complices de sa beauté, de son élégance;  le regard fixe comme ces francs-tireurs qui ne veulent pas rater leur objectif, un sourire de mère qui la veut accueillante et dispose, et finalement, son Bureau de Première Dame qui ne se distingue pas trop du rôle des paniers au dessus de la tête de nos femmes de rue, porteuses d´espoir, de la paix au ventre. Mais saura-t-elle le différencier de la Fondation Rose et Blanc?

On l´écoute dans plusieurs domaines: Elle est avec les femmes mères, avec les enfants de rue, les femmes, dans un concours de Miss Première Dame de la République, les programmes de HIV-AIDS, dans le monde des handicapés physiques, mentaux, enfin, tout une gamme d´activités pour un aller mieux des plus nécessiteux. Elle mérite bien l´appui et la compréhension.

Femme de peu de mots, décidée à passer de l´anonymat des Premières Dames haïtiennes, Sophia, comme un homme pliant les manches de sa chemise pour se mettre au travail, recueille ses cheveux pour se poser en garantie absolue du passage de son mari dans l´histoire démocratique d´Haïti comme le second Président à recevoir son mandat et le passer constitutionnellement et quant à elle, la première Première Dame de la République à ériger le Bureau du même nom. Cependant, résisteront-ils aux eaux troubles et mouvantes de la nationalité multiple que vient de remuer le deuxième Sénateur du Nord, Moïse Jean-Charles.
En attendant l´issu,
Bonne chance Madame, félicitation Sophia


[1] L´auteur est de Bois-de-Laurence, Nord´Est d´Haïti ; écrivain et analyste politique, il enseigne Relations Internationales actuellement à Santo Domingo, République Dominicaine.
[2] Au bas Moyen-âge, cela avait traduit la soumission; dans la modernité, les cheveux recueillis chez les femmes traduisent le travail, l´octroie de la priorité aux objectifs fixés plutôt qu´à la veine gloire.